En Grèce antique
La lapidation est une méthode d'exécution connue dès l'époque homérique, principalement liée aux crimes sexuels et aux blasphèmes : dans la mythologie grecque, Ajax fils d'Oïlée échappe de peu à la lapidation après qu'il a tenté de violer Cassandre réfugiée auprès de l'autel d'Athéna. Après avoir découvert qu'il a tué son père et épousé sa mère, Œdipe souhaite mourir lapidé, mais ne trouvant personne autour de lui pour ce faire, se résout à se crever les yeux. Toutefois, la lapidation n'est pas couramment employée à l'époque archaïque et inspire plutôt une certaine répulsion : Eschyle la classe avec la décapitation, l'énucléation ou l'empalement comme les marques d'une « justice d'abattoir », propre aux Euménides non civilisées.
De nombreux tyrans grecs sont lapidés : Koes à Mytilène (Hérodote, V, 38), Mennès à Cumes (Nicolas de Damas, fragment 52), Néarque à Élée (Diogène Laërce, IX, 26 et Valère Maxime, III, 3, 2), Phalaris à Akragas (Valère Maxime, III, 3, 2).
Une autre occurrence de lapidation historique remonte aux Guerres médiques, en 479 av. J.-C. : l'Athénien Lycidès est lapidé par les participants à la Boulè (assemblée) quand il propose d'approuver la demande de reddition envoyée par le Perse Mardonios. Hérodote présente la lapidation comme un acte spontané de la foule en colère, mais chez Lycurgue, un siècle plus tard, il résulte d'un décret (psēphisma) pris formellement par les membres de l'Assemblée, qui retirent les couronnes symbolisant leur fonction avant d'y procéder. On a suggéré que les Athéniens avaient réinterprété a posteriori un lynchage en acte légal et rituel. Par la suite, la lapidation à Athènes est liée aux cas de trahison (prodosia) : ainsi, Alcibiade, cousin de l'Alcibiade compagnon de Socrate est condamné à mort en même temps que ce dernier pour la profanation des Mystères d'Éleusis. Il s'enfuit et rejoint les Syracusains, adversaires d'Athènes. Capturé à bord d'un vaisseau ennemi, il est lapidé immédiatement, sur ordre du stratège Thrasyllos.
Chez les Juifs
La lapidation est citée dans l’Ancien Testament et le Talmud comme peine capitale pour plusieurs crimes : l'adultère, l'adoration d'autres dieux, la désobéissance à ses parents, le blasphème ou l'évocation d'esprits. Elle est appliquée à plusieurs reprises, par exécution légale ou sommaire. Ainsi, Naboth est victime d'une fausse accusation de blasphème de Jézabel et meurt lapidé.
La lapidation est également évoquée par le Nouveau Testament : Jésus empêche celle d'une femme adultère et demande à ses accusateurs : « Que celui d'entre vous qui est sans péché lui lance la première pierre !». Le Talmud raconte que Jésus aurait failli subir la lapidation. Étienne le proto-martyr est le plus connu de toutes les personnes lapidées.
Chez les musulmans
Le Coran ne mentionne la lapidation dans aucun de ses textes. Par contre, les hadiths, lois islamiques, citent la lapidation comme peine d'adultère pour un homme marié ou une femme mariée ayant eu un rapport sexuel hors mariage avec pénétration, si et seulement si 4 témoins ont clairement vu la pénétration. Celui ou celle qui accusera un homme ou une femme d'adultère sans 3 autres témoins, est peiné de 100 coups de fouets pour avoir voulu salir la réputation d'un homme ou d'une femme.
Généralement, cette forme d'exécution est publique, le supplicié est jeté dans une fosse ou enterré jusqu’à l’épaule. À tour de rôle ou en groupe les exécutants jettent des pierres de la taille d'un poing jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'article 104 du code pénal iranien chiite précise : « Les pierres utilisées pour infliger la mort par lapidation ne devront pas être grosses au point que le condamné meure après en avoir reçu une ou deux. Elles ne devront pas non plus être si petites qu'on ne puisse leur donner le nom de pierre. La taille moyenne est choisie généralement afin de faire expier la faute par la souffrance ».
En outre, la lapidation de Satan est une cérémonie symbolique pratiquée par les musulmans lors de leur pèlerinage appelé Hajj.
À l'époque contemporaine
La mort par lapidation est un supplice auquel recourent encore certains pays où est appliquée la charia : le Nigeria, l'Arabie saoudite, l'Iran, le Soudan, l'Afghanistan, le Pakistan, les Émirats arabes unis, le Yémen. Des cas de lapidation ont aussi été signalés au Kurdistan irakien et au Népal (commis par la guérilla maoïste népalaise). La condamnation à mort de Amina Lawal au Nigeria a été très médiatisée.
En août 2010, une pétition de personnalités françaises, ainsi qu’une concertation entre les membres de l'Union européenne, ont lieu afin d’empêcher la lapidation d’une Iranienne accusée d'adultère et complicité dans le meurtre de son mari, Sakineh Mohammadi Ashtiani. Cependant, les charges retenues contre Sakineh sont complicité de meurtre, étant donné que les charges pour adultère ont été annulées, car l'adultère a été avéré par les proches, mais en aucun cas prouvé par 4 témoins occulaires. A ce jour, Sakineh encourt la peine de mort par pendaison.
En Arabie saoudite
En Arabie saoudite, tout acte de sodomie commis par un non-musulman avec un musulman est passible de la lapidation.
En Iran
Le droit positif
En Iran, la peine de lapidation est expressément prévue par le code pénal iranien dans les articles 99 et suivants. L'article 104 du Code pénal iranien dispose que les pierres doivent être assez petites pour ne pas tuer instantanément. Depuis 2002, une stricte application de la loi est demandée, la Cour suprême iranienne doit confirmer l'existence de toutes les conditions requises.
Selon Amnesty International, trois personnes ont été lapidées en 2006-2007, et en janvier 2008 neuf femmes et deux hommes condamnés à être lapidés attendaient l'exécution de leur peine.
Réaction du gouvernement iranien
Les autorités iraniennes nient utiliser la peine de lapidation ou condamner des mineurs et considèrent cela comme de la propagande occidentale. Nonobstant les lois spécifiques inscrites dans le code pénal iranien, et les faits avérés, certains responsables iraniens tentent de minimiser, en affirmant que même si une condamnation de lapidation est prononcée par une cour de justice, elle est annulée par une haute cour de justice.
Au Kurdistan irakien
En 2007, Du’a Khalil Aswad, une jeune fille de 17 ans membre d'une tribu de Yézidi, non musulmane, fut lapidée à mort au Kurdistan irakien à la demande de son oncle car celle-ci était tombée amoureuse d'un musulman. Ce lynchage qui en l'occurrence ne se réfère pas du droit musulman, a été fait en présence de policiers du gouvernement régional du Kurdistan autonome. Toute la scène a été filmée à l'aide de téléphones portables et diffusée sur Internet.
Lutte contre la lapidation
La lapidation est condamnée par de nombreux groupes, religieux ou laïques, pour des raisons diverses. Certains groupes, comme Amnesty International et Human Rights Watch, sont opposés à toute forme de peine de mort. Depuis 2005, le théologien musulman Tariq Ramadan lutte pour un moratoire sur la lapidation dans les pays musulmans où la situation est devenue catastrophique.
Cette lutte est réactivée en août 2010 par les réactions à la condamnation de Sakineh Mohammadi Ashtiani.
2 commentaires:
Saloperies de barbares, on est au 21ème siècle quand même :(
Merci pour les infos sur sakineh, j'en avais entendu parler sans savoir exactement de quoi il retournait. J'ai signé la pétition en ligne
Bande de fils de putes ! Vous vous rendez compte de la souffrance des gens ! Comme en Arabie Saoudite par exemple, si deux personnes sont consentantes pour une sodomie, qu'ils sois musulmans ou non, je ne vois pas pourquoi on serais lipidé . J'ai 15 ans, j'ai vu ces images, et croyez moi même si je suis jeune pour parler de sa mais j'ai très honte de vivre au 21ème siècle avec des pays de ce genre ! Contre la lipidation !
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