lundi 10 janvier 2011

La Tunisie va mal

Blackout occidental sur la révolte tunisienne ...

La révolte populaire gronde en Tunisie. Pourtant les médias occidentaux se taisent. Pourquoi ?

Mohamed Bouazizi s’est immolé, Houcine Neji s’est jeté sur un pylône électrique et Lotsi Guadri a plongé dans un puits. En l’espace de dix jours, ces trois jeunes Tunisiens ont tenté de se donner la mort, épuisés par leur difficulté à vivre dans un pays où les débouchés professionnels se font rares. Depuis le 17 décembre, les Tunisiens sont nombreux à descendre dans la rue pour manifester leur désarroi.

Les troubles sociaux gagnent plusieurs régions tunisiennes depuis le 17 décembre. Ce jour-là, un vendeur ambulant de 26 ans, Mohamed Bouazizi, tente de s'immoler à Sidi Bouzid, dans le centre du pays, après que la police lui a confisqué ses marchandises. Il est décédé ce mardi. Les troubles ont déjà fait quatre morts, des blessés, et entraîné l'arrestation de dizaines de personnes.

Le cas de Mohamed Bouazizi et les manifestations qui ont suivi sont symptomatiques du "malaise des jeunes lié au chômage qui les frappe en très grand nombre", estime Khemaïs Chammari, ancien député de l'opposition et membre du "comité Sidi Bouzid".

Droits de l'homme :

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) déplore la mort de Mohamed Bouazizi, mardi 4 janvier, à 19h, à la suite de ses graves blessures après son immolation par le feu survenue il y a deux semaines. Ce mercredi 5 janvier, des manifestations ont par ailleurs eu lieu à Kebili, suite à une nouvelle immolation par le feu d’un jeune tunisien, Zakaria Ben Mahdi, 35 ans, expulsé il y a quelques mois de France. Selon nos informations, cette personne a été transportée à l’hôpital de Sfax.



L’Observatoire a été informé de l’enlèvement dont ont été victimes les avocats Me Abderraouf Ayadi, responsable juridique du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), et Me Chokri Belaïd, ainsi que des violences commises à l’encontre du secrétaire général de cette même organisation, M. Abdelkader Ben Khemis.

Selon les informations reçues, le 28 décembre 2010, vers 17h, Me Abderraouf Ayadi a été brutalisé et enlevé devant son domicile. Alors qu’il se trouvait chez lui, six hommes en civil ont frappé à sa porte, prétextant un accident de circulation. Ils se sont ensuite rendus sur les lieux de « l’accident », et Me Ayadi a alors été frappé puis forcé à rentrer dans un véhicule par plusieurs individus. Ses deux jeunes fils, témoins de la scène, ont été violemment repoussés et aspergés de gaz lacrymogène alors qu’ils tentaient d’appeler à l’aide.

D’autre part, Me Chokri Belaïd a été arrêté dans la rue par des individus en civil alors qu’il rentrait chez lui.

Nous n’avons reçu aucune nouvelle des deux avocats depuis leur enlèvement.
Un peu plus tôt dans la journée, Me Ayadi et Me Belaïd avaient pris la parole dans le cadre d’une manifestation d’avocats, organisée devant le palais de justice de Tunis, en lien aux mouvements sociaux en cours dans le pays. Les avocats demandaient à ce que lumière soit faite sur les incidents qui ont entachés lesdits mouvements, au cours desquels plusieurs personnes ont trouvé la mort.

Par ailleurs, lors d’une manifestation au Kef, M. Abdelkader Ben Khemis, secrétaire général du CNLT, aurait été frappé par des policiers en civil.




Liberté d'expression :

La répression des opposants au régime tunisien, accrue depuis la réélection de Zine el-Abidine Ben Ali à la présidence, continue de faire des victimes. Au bilan de la dernière semaine, la blogueuse Fatma Arabicca a été arrêtée puis libérée sous la pression d’une mobilisation ; le journaliste Slim Boukhdir est harcelé par le pouvoir et son collègue Taoufik Ben Brik a fêté ses 49 ans en prison.

Voir : http://www.afrik.com/article17963.html

Le blogueur et activiste tunisien Slim Amamou [contributeur de Global Voices Advocacy] a été arrêté le 6 janvier aux alentours de 13h à Tunis, heure à laquelle ses amis et collègues n’avaient plus de ses nouvelles. On ne connait toujours pas les circonstances exactes de son arrestation. il devait se rendre à son travail après avoir effectué la visite technique de son véhicule et la dernière nouvelle qu’on a de lui est un tweet envoyé vers 13h.

Vers 18h, Slim Amamou a révélé la position de son téléphone sur le réseau social Foursquare (NdT : ou Latitude de Google) qui permet à ses utilisateurs de signaler leur position par géolocalisation. La position du téléphone du blogueur indique s’il se trouvait dans les locaux du ministère de l’intérieur sur l’avenue Habib Bourguiba comme l’atteste cette capture d’écran.

Slim Amamou avait prévenu ses amis que son domicile était surveillé par des policiers depuis mercredi 5 janvier et que ce matin une présence policière à été remarquée autour du domicile de l’un de ses amis. Plusieurs coups de fils anonymes sont parvenus à son lieu de travail.

A rappeler que Slim Amamou est l’un des blogueur tunisien les plus connus. Il a dénoncé l’année dernière une opération de phishing (hameçonnage) des comptes mails des internautes tunisiens. Il a également été parmi les initiateurs de l’opération “Nhar 3la 3ammar” et l’un des organisateurs de la manifestation contre la censure le 22 mai 2010 à Tunis.

La veille de cette manifestation, il avait été arrêté avec son cosignataire Yassine Ayari et détenu pendant plus de 12h à la fin desquelles il a été obligé de d’enregistrer une vidéo appelant à l’annulation de la manifestation.

Azyz Amamy, 27 ans, blogueur et activiste tunisien, est également porté disparu depuis hier jeudi, probablement arrêté par la police tunisienne.

Azyz avait participé activement au mouvement de protestation de la région de Sidi Bouzid dont il est originaire.

Il avait été arrêté quelques jours auparavant, lors d’une manifestation à Tunis, et avait été brutalisé par les forces de police lors de sa garde à vue rapportée sur son blog. Ce blog semble avoir été effacé. Le dernier texte publié s’intitule Azyz is back.

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