mardi 11 janvier 2011

L'argent, les banques et le capitalisme

1% des plus riches du monde possèdent 32% des richesses de la planète.

Dans une première définition, le capitalisme est entièrement défini par la propriété privée des moyens de production. En effet, celle-ci implique le droit de disposer librement des biens en question et des fruits de leur utilisation, donc de les échanger librement avec d'autres agents. Dans ce régime, les propriétaires de moyens de production peuvent arbitrer de diverses façons entre le souci de servir les consommateurs, la recherche du profit et l'accumulation de capital, faisant ainsi de la recherche du profit monétaire et de l'accumulation de capital des possibilités offertes aux agents, mais pas des éléments de la définition du capitalisme. On considère néanmoins qu'en régime capitaliste, le mobile principal de l'activité économique est la recherche du profit qui trouve sa contrepartie dans le risque.


Une deuxième définition, d'inspiration marxiste, met en avant la recherche du profit, l'accumulation de capital, le salariat et le fait que les travailleurs ne sont pas propriétaires de leurs outils. Contrairement à la première, cette définition admet la possibilité d'un capitalisme d’État où toutes les ressources et tous les moyens de production seraient propriété d'un État. Ce régime est alors dénoncé, comme le capitalisme en général, puisque les moyens de production sont utilisés dans l'intérêt du groupe au pouvoir, comme le ferait une personne privée, et non dans l’intérêt de la collectivité.








La société existe pour le bénéfice des hommes, et non les hommes pour le bénéfice de la société.

Mais d'où vient cette crise ?

En Grèce, l'activité industrielle ralentit (- 7,6 % entre novembre 2009 et novembre 2010). Le nombre de voitures neuves vendues a baissé de 37 % entre 2009 (244.000) et 2010 (153.000). Le secteur automobile aurait perdu 20.000 emplois . La Grèce occupe désormais la première place, devant le Venezuela, dans le classement réalisé par CMA Datavision des seize pays risquant le plus rapidement de faire défaut sur leur dette. Pour tous les pays concernés, les CDS ('credit default swaps' / assurance contre le risque de défaut) augmentent. Pour l'achat de dix millions de dollars de dette grecque à cinq ans, il faut débourser un dixième de la somme, c'est-à-dire un million de dollars .

Athènes venda le 11 janvier pour 1,5 milliard d'euros de bonds du Trésor à six mois ; lors de la précédente émission (novembre 2010), le taux s'est établi à 4,82 %, c'est-à-dire à un taux trois fois supérieur à celui qui prévalait en début d'année : taux de 1,38 % le 12 janvier . A Athènes, la presse bruisse des rumeurs d'une prochaine restructuration de la dette : 348 milliards d'euros en 2011 (152,6 % du PIB). Les prêts du FMI et de l'Union européenne arrivent à échéance en 2013 (110 milliards d'euros). Les autorités grecques négocieraient un allongement des remboursements, tout en s'en défendant publiquement.

En Irlande, le taux de chômage progresse, à 13,4 % en décembre. On apprend que le Premier ministre Brian Cowen n'est autre que le ministre des Finances qui a dîné et joué au golf avec Sean FitzPatrick, le patron de l'Anglo-Irish Bank, la plus engluée dans les investissements immobiliers catastrophiques. Ces entrevues ont juste précédé la recapitalisation par l'Etat de la banque irlandaise, en septembre 2008. La quatrième banque irlandaise passera bientôt sous le contrôle de l'Etat, à l'occasion d'un renflouement important (3,7 milliards d'euros). L'Etat irlandais détiendra près de 93 % d'Allied Irish Bank. Dans le même temps, le gouvernement a annoncé un nouveau resserrement budgétaire, avec une baisse des dépenses (- 4 milliards d'euros) et une augmentation des impôts (+ 2 milliards d'euros) [source]. La Chambre basse du Parlement irlandais a approuvé à la mi-décembre le plan de sauvetage mis en place par les organisations internationales et le gouvernement ; en contrepartie des 85 milliards d'euros d'aide, le gouvernement s'est engagé à ramener le déficit de 30 % (2010) à 3 % (2014) par des coupes dans les dépenses, aides sociales comprises.
La presse espagnole se réjouit quant à elle à l'avance de l'annonce par le vice-Premier ministre Li Keqiang d'un achat par l'Etat chinois de six milliards de dette espagnole. Ce montant équivaudra celui envisagé par Pékin pour les achats de dettes grecque et portugaise. L'officiel chinois écrit dans une tribune à 'El Pais' qu'il « soutient les mesures adoptées par l'Espagne pour son réajustement économique et financier et a la ferme conviction que le pays parviendra à une reprise économique générale ». De toutes façons, les banques européennes s'intéressent toujours à l'Espagne . Jose Luis Zapatero se félicite de la réduction des déficits publics : 11,2 % en 2009 contre 9,3 % en 2010. Cela ne lui paraît pas contrevenir pour autant avec ses objectifs de croissance 'consolidée' pour l'année 2011 . Le chômage a baissé de 0,25 points en décembre. Cela permet de glisser sur la progression annuelle et sur le taux brut (19,8 %), double de la moyenne européenne.

Les 'PIGS' (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne), se trouvent désormais réunis par le même sort. Le premier des pays cités n'a pas encore essuyé la tempête financière subie par les autres, mais semble ne pas pouvoir y échapper. Rien ne permet en outre de clore la liste. Chaque organe de presse suggère ses propres noms, sur la base d'analyses ou de calculs savants, de publications d'agences de notations, de déclarations de ministres français ou allemand, que sais-je encore ? Il m'apparaît surtout que le fossé entre les faits économiques et les déclarations s'élargit, les hommes politiques pastichant les illusionnistes - si les chiffres sont mauvais, je vais en présenter d'autres - et les béats - après la pluie le beau temps. Personne ne porte la responsabilité de la situation, la thèse du cataclysme imprévisible servant de paravent. Et si l'opinion enrage contre le marché fou, le libéralisme mortifère, les capitalistes inconscients, c'est autant de gagné ! Chacun oublie au passage le passé récent, l'absence de règles claires, les collusions entre les Etats et les entreprises, ou pire les incitations critiquables (bulle immobilière).

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